Je démarre encore tôt pour cause de température et risque d'orage ( qui n'aura pas lieu). Mon trajet emprunte à nouveau l'euro vélo route 3 (dite des pèlerins). Après plusieurs journées de disette, je rencontre avec surprise multiples voyageurs à vélo.
C'est d'ailleurs un pèlerin que je rattrape très tôt. Je l'avais déjà vu hier après midi, mais nous avions continué notre chemin sous la chaleur, chacun à notre rythme. Cette fois nous faisons un bon bout de chemin ensemble côte à côte sur la voie cyclable. Burkhard est parti de Francfort à vélo jusqu'à Saint Sébastien, il continuera à pied jusqu'à Saint Jacques de Compostelle, par la côte plutôt que par le chemin trop fréquenté dans les terres via Burgos ( avis me semblant assez répandu ). Son voyage, initialement prévu pour son départ en retraite, a été retardé de 2 ans par la crise sanitaire. Sa femme le suit par la pensée.
Après avoir quitté l'euro vélo route, c'est une promenade dans les vignes qui m'est proposée. À la sortie de Libourne j'entre dans le territoire des Saint Emilion, puis rapidement ensuite dans celui de l'Entre 2 Mers. Et c'est par ici que je rencontre le plus grand nombre de vélos, plutôt que sur la route des pèlerins.
Les magasins étant rares après Libourne , je poursuis ma route jusqu'à Langon, où je ne trouve malheureusement ni camping, ni chambre d'hôte dispo. Je fais donc du camping sauvage dans un pré communal à proximité de la Garonne. Je m'y rends avec un autre cyclo rencontré à une fontaine.
Ce cyclo est très atypique et à la limite de la marginalité. Il voyage à vélo quasiment non stop depuis 9 ans, vit pour 5 à 6 euros par jour, et prend des petits boulots quand nécessaire. Il connaît très bien le matériel vélo et de camping, ainsi que les spots de camping sauvages de nombreuses villes. Je ne le classe pas dans les marginaux car, entre autres, il s'entretient, ne fume ni ne boit ni ne se drogue , il s'informe par la presse, il a une compagne fonctionnaire, etc. Surprenante rencontre!
Officiellement les histoires de fesses n'interessent personne, mais officieusement tout le monde en parle...du moins lorsqu'il s'agit de vélo. Et je n'échappe pas à ces petits bobos qui peuvent gâcher un voyage, le plus célèbre étant Laurent Fignon dépossédé de son maillot jaune du Tour 1989 pour 8 secondes lors de la dernière étape contre la montre: ça lui a coûté la peau des fesses! Depuis 1 mois je change de position constamment sur la selle et reajuste mon cuissard. J'ai essayé plusieurs crèmes anti friction, et utilisé les produits prescrits par le médecin avant mon départ. Mais ce matin, avec la chaleur qui amplifie le phénomène, je ne suis plus certain d'atteindre Pau et sa semaine de repos. Je décide de changer radicalement le réglage de ma selle de manière à mieux répartir la pression: avancée de 1,5 cm, baissée de 3 mm et bec relevé de quelques degré. J'y arrive après plusieurs ajustements qui m'occupent la matinée, pour conserver l' efficacité de pédalage et ne pas créer de douleur mécanique ailleurs. Ça semble efficace...
Les vignes bien soignées de Saint Emilion
Étape du jour incertaine jusqu'à la fin, pour faire des emplettes et dormir.
Je n'avais crevé qu'une seule fois pendant ce voyage, en version tandem, suite à une erreur de pilotage ( nid de poule non evité). Je n'y peux pas grand chose sur ces 2 crevaisons par épines d'acacias. Rituel maintenant bien rodé pour réparer en ne déchargeant que les 2 sacoches avant.
Les 2 cyclos avec qui j'ai pu discuter un bon moment, très différents. De G à D: notre voyageur permanent ( je n'ai pas noté son prénom), et Burkhard.
Le territoire dédié au vin
Ce bolide mu à la force humaine m'a surpris alors que je photographiais des vignes.